« Et si on partait ? » – Manifeste d’une famille en mouvement

Après un premier long voyage de 13 mois, durant lequel nous avons parcouru la Nouvelle-Zélande 3 mois en van, vécu en Nouvelle-Calédonie 6 mois, le temps d’une mission de travail, découvert l’Australie 3 mois également en van, apprécié Bali et Java le temps de 2 petites semaines et terminé notre périple par 5 semaines au Vietnam, en sac à dos, nous sommes rentrés (pour une courte durée) en France en Mai 2018.

Quelques mois ont passés, nous avons souhaité nous accorder un instant pour faire le point sur le mode de vie alternatif que nous avons choisi, alliant voyage, travail et surtout temps pour soi.

Bientôt près à re-décoller pour de nouvelles aventures, avec une prochaine expatriation au Canada, en Visa Vacances-Travail (l’occasion temporaire, encore une fois, de changer de décor et de se sentir en vacances alors même que travaillerons) on se lance, et on vous explique notre choix actuel de vie, en répondant à vos quelques questions et inquiétudes. Nos ressentis, notre expérience, nos projets, nos doutes, on vous raconte tout !

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BILAN : 13 MOIS DE VIE NOMADE EN FAMILLE

« Qu’est-ce qui vous a décidé à partir ? »

Contrat de travail terminé, aucun crédit sur le dos, Bibi, 5 ans, (encore en Grande Section) âge d’être déscolariser dans problème, de se déplacer et de se débrouiller seul pour les gestes du quotidien, nous n’avions, à l’heure de notre premier départ en Avril 2017, pas d’impératif, ni d’obligation. Le timing nous semblait parfait.

Attirés par le voyage et ayant l’envie commune de changer d’air, nous avions dans un premier temps planifié un voyage pour seulement quelques mois. Menés ensuite par nos opportunités respectives et notre envie d’aventure, nous avons atterris en Nouvelle-Calédonie pour une mission de travail de 6 mois, puis rejoint l’Australie pour rendre visite à l’un de nos amis et enfin l’Asie. Tout s’est très vite enchainé.

Une fois que nous n’avions plus eu de loyer à payer, plus de forfait téléphonique-Télé-Internet, plus de charges, plus de frais de shopping, Hi-Fi, déco et équipement, il était très facile d’économiser et de réduire nos dépenses au quotidien.

« Partir » est un grand mot. Bizarrement, on se sent plus à l’aise de quitter son pays pour un autre et changer radicalement de mode de vie, que de déménager d’une ville à une autre. L’adrénaline peut être ou un brin folie ; qu’importe !

Recherche de challenges personnels et professionnels, envie de renouveau dans notre quotidien, de dépaysement, simple envie de se sentir libre et d’avoir du temps pour nous, il y a bien des raisons qui nous ont poussé à « partir » et à tenter cette grande aventure à trois.

Le temps c’est ce que nous avons tous de plus précieux et c’est ce que nous avons envie d’offrir à nos proches et à nous même. Voyager au long cours était pour nous l’occasion de débrancher et de ralentir, pour être plus présents les uns avec les autres.  Dans l’esprit général des gens, lorsque vous avez un enfant, vous devez lui apporter la stabilité. Et c’est exactement ce que nous faisons. Nous avons fait le choix lui apporter une stabilité familiale forte de nos 24H/24 et 7 jours/7 ensemble.

Nous avons besoin de prendre notre temps, pour être ensemble et pour se redécouvrir au quotidien. Cette expérience de vie nous forge et nous lie. Bercés par l’inconnu et le renouveau à chacune de nos nouvelle destination, l’ennui de la routine a (presque) totalement disparue, faisant place à l’excitation et l’inconnu, nous poussant à nous surpasser (et à nous bouger sérieusement les fesses !) à chacun de nos longs périples ou de nos expatriations (démarches administratives, paperasses, recherche de logement, inscription à l’école, achat de véhicule…)

« Ooh vous en avez de la chance de voyager autant ! »

De la chance oui, on en a. On a la chance d’avoir eu un jour un travail qui nous a permis d’économiser un peu d’argent et de toucher un peu de chômage, la chance d’avoir un diplôme, des opportunités d’emploi, et la chance d’avoir le soutien moral de nos familles (et une grande maison dans laquelle nous louons un appartement d’appoint en Haute-Savoie – et dans laquelle nous stockons également nos voitures respectives et nos meubles). Il est réconfortant en effet de savoir que nous aurons toujours un petit pied à terre, nos effets personnels, nos proches, nos amis et nos montagnes lorsque nous reviendrons.

MAIS nous n’avons pas plus de chance que les autres. Voyager sur le long terme n’est pas une chance. C’est un simple choix. C’est notre vie, notre temps et notre argent et c’est à nous de choisir comment le dépenser.

Non, nous n’épargnons pas pour plus tard, nous ne cotisons pour notre retraite et nous n’investissons pas non plus dans notre maison parce que nous avons envie, aujourd’hui, à cet instant, que nos expériences, nos souvenirs et nos choix de vie valent plus que de simples choses matérielles. Le temps passe tellement vite.

Nous utilisons aussi quelques petites astuces simples pour voyager sans se ruiner. Nous sommes toujours flexibles sur nos dates de départs et d’arrivée. Nous pratiquons l’Achat/Revente de véhicule plutôt que la location. Nous favorisons les boutiques de seconde main et les vide-greniers pour s’équiper et s’habiller. Nous cuisinons beaucoup et n’achetons pas ou peu de produits industriels et préparés, souvent superflux et onéreux. Nous maximisons nos déplacements en transports en commun, plutôt qu’en taxis. Nous avons passé quelques semaines chez l’habitant en Helpx / Woofing, ce qui nous a permis de voyager différemment, de travailler en échange du gîte et du couvert et d’être au plus proche des populations locales. Depuis peu, nous pratiquons l’échange de maison grâce à Guest To Guest (ce site génial qui permet d’échanger sa maison, ou non, contre des points plutôt que contre de l’argent !) et de ce fait, nous économisons beaucoup sur nos logements.

Et puis surtout, parfois, nous faisons de belles rencontres, à l’image de Richard et Jody, qui nous ont hébergés par pure générosité sur leur propriété dans une caravane pendant les 5 jours de réparation de notre van en Australie et qui nous ont invité à partager leurs repas, par pure gentillesse ou Antoine, ce jeune Franco-Néo-Zélandais rencontré à la Little High Eatery dans le centre de Christchurch en Nouvelle-Zélande, qui nous a conseillé un free camp pour la nuit et qui nous a invité à venir chez lui le lendemain pour le petit déjeuner, ou encore John et Jill, ce couple d’apiculteurs ultra chaleureux qui nous a invité pour un dîner familial chez eux avec toute leur famille après une rencontre enthousiaste au marché bio d’Adélaide en Australie, ravis de croiser une petite famille d’over-sea.

Voyager ne veut pas dire dépenser sans compter, voyager c’est aussi prendre le temps de faire des rencontres enrichissantes, qui valent plus qu’une semaine de vacances dans un hôtel de luxe dans un pays exotique.

« Ahh, vous faites un tour du monde ? »

Non, nous ne faisons pas un tour du monde. Aujourd’hui on entend beaucoup parler de ces « tourdumondistes » qui cumulent plusieurs pays d’affiler en l’espace de plusieurs mois, voire d’une année. Nous, nous n’avons pas envie de ça. D’un simple break dans nos vies puis d’un retour inévitable à ce que les gens nomment « la réalité ». Comme si voyager pendant une année n’était pas réel et tout à fait fou. (Et puis nous avons trouvé nos 3 mois si courts en Nouvelle-Zélande et Australie par exemple, qu’il nous semble impossible de n’accorder qu’UN MOIS de voyage par pays, sans inévitablement rester sur sa faim).

Nous n’avons pas les mêmes intérêts pour le voyage (culturels, professionnels, sportifs…) mais nous voulons faire de chaque jour de notre vie une découverte et nous avons besoin que nos projets personnels et professionnels s’allient à notre manière de vivre.

Entre mission de Service Civique et travail à l’étranger dans le cadre d’un visa Vacance-Travail, nous saisissons ainsi toutes sortes d’opportunités pour allier travail et plaisir, sans peur de la mobilité.

Nous n’avons pas dans l’idée de vivre ainsi éternellement. Le revers de la médaille, lorsque l’on voyage c’est malheureusement d’être loin de nos proches. Nous aimons nous imaginer dans un futur proche dans notre propre maison, dans une région non loin de celles de nos familles, avec notre jardin et des jobs respectifs qui nous permettraient de vivre avec un bon niveau de vie. Mais avant de nous « poser » définitivement, nous avons besoin de faire murir en nous un projet commun et abouti, qui nous permettrait de pouvoir passer un maximum de temps tous ensemble. Nous avons envie d’exercer un métier passionnant qui aurait un vrai sens humain et non d’être aliéner par un travail alimentaire, qui serait en désaccord avec notre vision éthique du monde et de l’environnement.

Sans n’être alors qu’une parenthèse dans nos vies, notre itinérance actuelle et un moyen de nous ouvrir d’avantage l’esprit, dans un monde où nous sommes bien trop souvent la tête dans le guidon, à ne se soucier que de nous-même. Ces longs voyages et expatriations nous permettent de nous forger de nouvelles opinions sur le monde, loin du superflu et de la surconsommation. Ils sont l’occasion pour nous de voir qu’il est possible de vivre autrement, de manger autrement, de se soigner autrement ou encore de s’instruire autrement.

Nous nous rendons ainsi compte de la chance que nous avons d’être issus de là où nous sommes et de notre qualité de vie en France. Nous voyons aujourd’hui l’intérêt de pouvoir se comparer au reste du monde, pour nous permettre d’analyser sans filtre nos sociétés et nous aider à devenir meilleurs et plus respectueux.

« Et votre enfant, il ne va pas à l’école ? »

On nous a souvent dit : « Non mais vous savez, l’école c’est pas seulement l’apprentissage, c’est aussi et SURTOUT la socialisation ! ». Que tout le monde se rassure, Bibi n’a jamais été aussi ouvert d’esprit, aussi curieux et aussi facile de contact que depuis que nous sommes « partis voir le monde ».

En plus des découvertes et des différences entre les peuples, de la faune et de la flore, de la géographie et de l’histoire, il suit actuellement un parcours atypique qui selon nous sera, tôt ou tard, un plus dans son développement personnel et son jugement sur le monde. Et c’est une chance inouïe à son âge d’avoir déjà pu découvrir tant de chose !

Ayant quitté la maternelle avant l’heure, Bibi a attaqué et terminé un CP en seulement 4 mois et demi en Nouvelle-Calédonie. (Héé oui, l’école débute en Février et termine en Décembre dans l’hémisphère sud !) Tantôt à l’école, tantôt scolarisé à la maison durant nos mois de road-trip, il a appris à lire, écrire et compter, et s’exerce encore chaque jour lors de séance d‘exercices ou de jeux en famille.

Prochainement, il intégrera une nouvelle école à Montréal au Québec et suivra une scolarité dite normale le temps de notre expatriation.

Peut-être que pour lui, il aurait été mieux de rester dans une même école, avec les mêmes amis, pendant toute sa scolarité, comme cela a été le cas pour nous. Mais cette expérience nomade lui a appris la tolérance, l’adaptabilité, la différence et surtout, lui a ouvert les yeux sur les misères de ce monde, l’importance de respecter l’environnement, les animaux et les Hommes, dans l’espoir que nous puissions voir un jour germer en lui un adulte responsable, sensible et informé.

Avec la nature comme terrain de jeu et un décor fabuleux chaque jour, Bibi est aujourd’hui plus heureux de jouer dehors, au grand air, avec des éléments naturels, plutôt que d’être cloitré dans notre appartement entouré d’une montagne de jouet. C’est ce que nous souhaitions lui offre.

« Vous n’êtes pas trop tristes d’être rentrés ? Vous n’allez plus tenir en place maintenant ! Vous repartez bientôt ? »

Au retour, bizarrement, on a l’impression de ne pas être parti si longtemps. Après 13 mois de voyage et quel que soit le temps d’absence, on retrouve toujours progressivement nos marques. Nos familles et amis sont toujours là et inchangés, pour notre plus grand bonheur et nous avons le sentiment inexplicable, rassurant et effrayant à la fois, d’être enfin de retour « chez-nous ».

Passés les embrassades, les éclats de rires et quelques souvenirs de voyage, l’euphorie des retrouvailles s’essouffle vite. Un voyage on le fait pour soi, nous le savions, et il ne fallait pas s’imaginer que les gens à notre retour auraient eu envie de TOUT savoir sur ce que l’on pourrait qualifier de « l’aventure de notre vie ». Nous ne sommes pas si différents des autres.

Chacun fait le choix de sa propre vie et si pour nous voyager et prendre notre temps est actuellement une évidence, pour d’autre, avoir un CDI, construire une maison et élever ses enfants dans un cadre « stable », est d’avantage une priorité. Nombreux sont alors les souvenir que nous ne partagerons jamais à quiconque, les anecdotes que nous garderons éternellement pour nous seuls et les aléas de la vie quotidienne qui sont inexplicables et incompréhensibles pour quelqu’un qui n’a pas vécu la même aventure que nous.

Et puis, au fils des jours et des mois, on est abasourdis par le choc culturel. Par les fous du volant, les gens stressés, plus le moindre sourire, ni salutation dans les rues… si notre entourage n’a pas changé, c’est notre façon de voir la vie et de consommer qui a changé et qui nous place aujourd’hui dans une situation d’inconfort (On a envie d’être plus proche des autres, de ne plus être aliéné par un travail, de prendre soin de notre environnement, d’aider, on a envie de calme et tranquillité, de vivre en autonomie et de faire pousser nos légumes !…).

Quand on voyage lentement on ne voit pas les mêmes choses, on ne fait pas les mêmes activités, les mêmes rencontres, ni les mêmes découvertes… Ceux qui préfèrent n’avoir que 2, 3 semaines de vacances tous les 5 mois, pour se détendre et faire un break, plutôt que 3 mois de vacances d’un coup pour s’immerger dans de nouvelles cultures le savent :

Un voyage, ça change une vie. Ça nous bouscule, ça nous réveille. Ça nous angoisse et ça nous émerveille.

Libre à chacun de choisir sa voie. Sans oublier que les barrières, au-delà desquelles on s’interdit d’aller, par peu de l’inconnu, ne sont pas infranchissables. 

Pour notre part, nous avons fait notre choix et nous comptons bien poursuivre sur notre lancée. Nous avons décollé 11 Octobre 2018 pour Montréal, avec un visa Vacances-Travail en poche, nous permettant, si nous le souhaitons, de nous expatrier 2 ans, voyager, visiter et travailler dans tout le Canada librement, avec des rêves plein la tête.

Histoire à suivre.

8 réflexions sur “« Et si on partait ? » – Manifeste d’une famille en mouvement

  1. Bonjour,
    Ralentir, se connecter à la nature, aux gens en partant à l’autre bout du monde… c’est sur ça fait rêver.
    Ça me fait rêver aussi.
    Mais je n’y arrive pas: prendre autant l’avion rien que d’y penser ça me rend malade pour la planète.. alors j’essaie de profiter ce qu’il y a à portée de train. Même si c’est un peu triste.

    Aimé par 1 personne

    • Bonjour Monika,
      Merci pour votre réaction. Notre message concernant l’audace de partir « au bout du monde » n’est pas le sens premier de cet article, mais plutôt d’oser bouger, où que ce soit, dans une autre ville ou une autre région. Oser prendre son temps et se permettre de l’offrir à nos proches.
      Nous ne faisons en aucun cas l’apologie de l’avion, qui, bien qu’il sont très économique n’est pas écologique. Dans notre quotidien comme lors de nos périple, nous privilégions toujours les transports en communs et nous adoptons un style de vie très près de notre environnement.
      Pour être allé voir « ailleurs », nous savons que la France est déjà un très beau pays, et de l’Europe à l’Asie, les possibilité en train, en vélo et à pied… sont déjà immenses ! 🙂
      Bonne continuation !

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  2. Nous avons des envies et des aspirations communes! Que ça fait du bien de vous lire jolie famille!
    Au plaisir de vous rencontrer un de ces jours…ici ou ailleurs. Nous avons hâte de vivre la vie qui nous attend!
    Et si vous voulez voir ce que nous faisons c’est par ici——> mon-bus-world-tour.fr
    Bye les voyageurs.

    Aimé par 1 personne

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